Xavier Haegy, Elsaesser und Katholik vor allem ! |
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6 au 17 janvier 1927: Pour mener sa lutte contre les autonomistes, le gouvernement avait un autre atout d’importance une presse nationaliste aux ordres, grassement subventionnée par lui. Elle pouvait lâcher À tout moment ses meutes de journalistes en quête de révélations à sensations aux trousses des autonomistes, pour débusquer ces «boches alsaciens » qui «travaillaient pour l’Allemagne. » Policiers et journalistes nationalistes travaillaient de concert, se passaient mutuellement des « tuyaux », collaboraient en quelque sorte. Des journaux « nationaux » en vinrent à donner des primes pour des dénonciations ou des informations de nature à nuire aux Heimatrechtler. Certains journalistes se conduisaient en véritables auxiliaires de police. Des feuilles, comme les deux organes des radicaux, La République, avec les rédacteurs Minck et Hecker, et La Dépêche de Oesinger et Minck, travaillaient, par exemple, en étroite collaboration avec la police. De connivence avec les tribunaux qui avaient reçu les directives «d’en haut » ils avaient l’assurance d’une mansuétude bienveillante de la justice.., ce qui n’était, bien entendu, guère de nature à les inciter à la mesure et à l’objectivité. Edouard Helsey (Lucien Coulon), reporter au Journal, était de ces journalistes haineux et provocateurs à la recherche de « révélations». C’est ainsi que, dans une série de «pseudo-enquêtes » sur les autonomistes, publiées entre le 6 et le 17 janvier 1927. il affirma que la Heimatbewegung et l’abbé Haegy fomentaient en réalité un complot contre la France pour le compte du Vatican et en accord avec Berlin et Moscou. Pour Helsey, l’autonomisme, c’était du « séparatisme intégral». Pour lui, l’autonomisme était le fait des Allemands naturalisés, des communistes et des prêtres catholiques, tous «d’excellents boches », et d’ajouter: « Les Haegy les Ricklin, les Keppi, les Médard Brogli, toute le petite bande de fous ou de criminels qui, en essayant de soulever une nouvelle question d’Alsace, travaillent pour le roi de Prusse et compromettent la paix. Ainsi soit-il ! » L’abbé Haegy contre-attaqua en l’assignant en justice pour diffamation. Le procès, fiévreusement attendu, se déroula à Colmar du 8 au 12 avril 1927. Helsey, bien entendu, ne pouvait rien prouver de ce qu’il avançait et le procès s’enlisa. C’est alors qu’au cours des débats ce procès dérapa et le tribunal, qui ne voulait pas condamner un bon patriote, se focalisa sur la question de savoir « si l’abbé Haegy aimait la France ». Le procès en diffamation se transforma ainsi en procès d’opinion autour de la question centrale : Haegy aimait-il vraiment la France ? Le procureur général Fachot conjura l’abbé Haegy de servir la France. Celui-ci, craignant d’être condamné aux dépens, s’exécuta: « Je crois servir la France en servant l’Alsace », répliqua-t-il. La suite ne sera que bouffonneries et comédie burlesque. Dans la salle, un patriote complice du journaliste remit un bouquet tricolore à l’abbé Haegy pendant que l’avocat de Helsey le supplia alors de s’écrier spontanément (sic) « Vive la Franco ». Ce à quoi se résigna l’abbé Haegy. Puis la salle, remplie de chauvins, entonna la Marseillaise. Ce fut un dur coup pour l’abbé Haegy, qui s’était ainsi laissé piéger. Ce procès permet une constatation d’importance il n’était
pas suffisant qu’on demandât aux Alsaciens d’être
des citoyens loyaux, encore devaient-ils afficher pour la France un amour
ostentatoire.
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